Les chants à déhaller
CHANTS DE MARINS - 3/17 - Les chants à déhaller
Avant l'apparition de moteurs auxiliaires, il était difficile, voire impossible d'entrer et de manœuvrer à la voile dans les ports. Il fallait alors de l'aide à terre, pour haler le bateau le long de la jetée et jusqu'au quai. Cette opération devait se faire sur de longues distances lorsque le port se trouvait au fond d'un estuaire (par exemple le port du Légué à Saint Brieuc).
Ce travail dur et ingrat était bien souvent tenu par d'anciens marins à la retraite, par des gamins du port en quête d'un petit travail, ou même par des femmes (veuves de marins, femmes sans ressource…).
Paul Olivier, Chansons de métier, 1910 :
« Pour se donner du cœur au ventre, ils chantent une longue cantilène grave et monotone. A la fin de chaque couplet, la voix des chanteurs tremblote et s'éternise sur un trille comme une larme au bord des cils qui a de la peine à tomber ».
Les chants « à déhaler » étaient généralement des improvisations, et très peu sont parvenus jusqu'à nous : laoula tchaler, la petite poltaise, aloué la falaloué :
Une autre manière de haler le voilier, lorsque la distance est plus courte ou que le port est encombré de navires, consistait à embraquer un filin, les haleurs restant sur place. Les chants utiliser étaient alors plutôt des chants « à hisser » (le capitaine de Saint Malo) ou des chants à danser dont le rythme était adapté (Mon père m'a fait marchand de tabac)